Bernadette Guiard le 10.11.2024 et Laurent Vivès le 20.11.2024
Voici ce que m’a envoyé Bernadette Guiard après la lecture de mon article » Israël Palestine : tout ça pour ça ». Ci dessous l’intégralité de son texte. Il y a beaucoup de choses. En fin d’article j’essaye de lui répondre…
Bernadette Guiard :
Je viens de lire l’article très documenté que tu as écrit. Merci pour cet éclairage que tu nous invites à approfondir en allant à la rencontre de tes références.
Au delà de la chronologie historique et biblique des faits relatés, ce sont des questions qui surgissent » à la pelle pour moi ».
1 – Est ce que les exactions du passé, d’où qu’elles viennent, justifient elles celles du présent ?
2 – Que font les humains de leur libre arbitre ?
3 – Le bonheur réside t’il dans la possession, la domination, la destruction, le pouvoir absolu ?
4 – Pourquoi entretenir un cercle vicié qui obéit à la haine ?
5 – Que cherche t’on ? La perfectibilité ou la descente aux enfers ?
6 – Humiliations et rejet entraînent un désir de vengeance qui déclenche la violence, qui provoque l’élimination des êtres et des valeurs qui sont censées fonder l’humain et le faire grandir ! L’histoire des hommes se résume t’elle à un processus mortifère répétitif ?
7 – Qui a intérêt à se placer au service du mal ?
8 – Se construit – on avec les autres ou contre eux ?
9 – Légitimité et identité prennent-elles leur source dans l’exclusion, la séparation d’avec ceux que l’on désigne » comme les moutons noirs » ?
10 – Qui est l’ennemi de qui ?
11 – Quand les hommes se hisseront – ils au dessus du triangle stérile » bourreau – victime – sauveur » ?
12 – L’ombre s’étend sur toute la planète et la lumière faiblit dès lors que nous désignons des coupables qui servent de justification à des actions aussi intolérables que celles que nous dénonçons. Ne peut ‘il y avoir un niveau de réciprocité que négatif ? La loi du Talion ne peut – elle être remise en question ? Attaque/ défense jusqu’au boute – boutisme ?
13 – Qu’en est ‘il du niveau de conscience tant individuel que collectif ? Sommes nous condamnés à la soumission ? ou à la révolte ? Ne peut ‘il y avoir de moyen terme ?
14 – La résolution des conflits intérieurs générés par l’égo est peut – être ce qui ouvrira sur la paix en « soi », générant une paix réelle à l’extérieur. Complexité de l’ âme humaine prisonnière des croyances, des conditionnements, des manipulations, et des peurs orchestrées. Pourquoi s’enferrer binaire du » pour ou contre » ? Sommes nous condamnés à nous faire souffrir ?
15 – Seule à mes yeux, la voix de Delphine Horviller parle vrai, parle juste, parle clair : » on aurait du apprendre qu’ avec tout ce qui nous était arrivé, l’humanité avait compris » . Alors pourquoi ça recommence ?
- Comment libérer la Palestine de ceux qui l’instrumentalisent en affirmant la défendre ?
- Comment sauver Israël d’un gouvernement en déliquescence politique et morale, qui se perçoit comme seul légitime et fidèle au Judaïsme ?
- Comment faire cesser le feu dans les consciences de pyromanes ?
» A défaut de se parler, aucune rédemption n’est possible » . Voilà ma conviction profonde quelque soit l’espace temps auquel on se réfère. Les réponses sont parfois dans la formulation des questions ! Le radicalisme, quel qu’il soit, est une impasse. La société malade d’elle même, produit des toxines dangereuses pour la santé du corps, du cœur et de de l’esprit.
Être un lanceur d’alerte en soi est une mission ! Se sentir concernés et rassembler procèdent d’un choix en son âme et conscience. Tenir debout face à l’adversité passe par les mots qui magnifient la beauté et la bonté, le respect du prochain.

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Tentative de réponses de Laurent Vivès :
Bernadette, je vois que mon article ne t’as pas laissée indifférente.
1 – Les exactions du passé peuvent être multiples, se succédant les unes aux autres, et justifient (ou pas) celles du présent selon le camp dans lequel on se trouve. Mais c’est faire abstraction du pardon… Le 22 janvier 1963, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer signaient le traité de l’Élysée, début de la réconciliation Franco Allemande après 3 guerres meurtrières entre les 2 pays. Il y à eu aussi des paix dans l’Antiquité, (dont la Pax Romana est la plus célèbre), allant de pair avec une mise sous tutelles des nations vaincues.
2 – Le libre arbitre est peu, ou le plus souvent, mal utilisé, du fait de multiples facteurs de conditionnement, de la suprématie du groupe, de l’aliénation et de la dépendance.
3 – Le bonheur dépend du bien être (et vice versa). Pour moi il ne dépend ni de la possession, ni de la domination, ni de la destruction ou du pouvoir absolu.
4 – La haine et l’amour sont des tensions qui habitent l’homme depuis fort longtemps. A voir tous les conflits, crimes et attentats, la haine semblerait l’emporter sur l’amour, maintenant… Qui entretient la haine? Elle peut s’exprimer spontanément, le plus souvent précédée du ressentiment. Les dictateurs et les populistes ont intérêt à provoquer la haine envers des boucs émissaires imaginaires inventés. Les chasses aux sorcières ou des dizaines de milliers d’innocents on été écartelés ou brûlés vifs, accusés sans aucune preuve de sorcellerie, à partir manipulations d’un imaginaire collectif délirant…
5 – Ce que cherchent le monde et les gens est difficile à savoir. Il s’agit souvent de réactions violentes à un présent mal vécu, créant des troubles qui peuvent être destructeurs pour tout les monde. La perfectibilité marche avec le gout de l’effort, de l’amélioration du meilleur. Mais souvent en croyant faire le bien on débouche sur le pire. Il n’y a pas que les intentions qui comptent… Le résultat est primordial.
6 – Humiliations et rejets entraînent ressentiments et vengeances, cercle vicié de la violence (voir les guerres de religion, les colonisations, les invasions). Mais l’histoire des hommes est aussi faite de progrès, de coopération, d’amélioration des conditions de vies et de création de richesses. Le partage laisse souvent à désirer…
7 – Les dictateurs, les tyrans et les oppresseurs sont malfaisants.
8 – On se construit de multiples façons, d’abord en se confrontant, puis en s’adaptant et enfin en évoluant.
9 – La légitimité est difficile à reconnaître, variable selon les parties et les interprétations. L’identité peut aussi être le fruit d’une exclusion, d’un rejet : voir les résistants, le refus de la soumission et/ou de l’injustice.
10 – Des ennemis il y en a partout (peuples agressifs, voisins insupportables, religions sectaires) et surtout : » soi – même ».
11 – Le triangle stérile a bien régressé avec les droits de l’homme et les nations unies, mais il n’a pas dit son dernier mot…
12 – « L’ombre s’étend sur la planète ». Oui si l’on considère notre impact négatif sur notre planète, la surpopulation et la persistance de conflits. Cependant notre vision du monde est petite, déformée au travers des médias et des réseaux sociaux et la propagation continue de mauvaises nouvelles. Il y a des motifs d’espérance car il y a encore des gens biens et des peuples calmes dont on ne parle jamais. De belles rencontres sont faites par les « voyageurs de l’impossible », qui sont le plus souvent bien accueillis par les populations qu’ils visitent.
13 – Qui veut tuer son chien dit qu’il a la rage. On dissimule ses mauvaises intentions derrière des nuisances ou des défauts du peuple que l’on veut opprimer (voir les colonies en cis-Jordanie et bien d’autres). Soumission ou révolte n’est pas le lot te toute la planète. Quelques pays vivent heureux et en paix (Europe, Amérique du nord et Australie). Les plus mal lotis sont l’Afrique, le Moyen Orient la Russie, la Chine, l’Inde et l’Asie du Sud Est (cf carte ci dessous).

14 – Améliorer sa relation à autrui passe d’abord par une paix intérieure. Mais les humains ne maîtrisent pas très bien leurs pensées et leurs pulsions. Le subconscient est là, difficile à contenir. J’ignore jusqu’à quel point le bien-être social peut résoudre les problèmes internes des humains. Les croyances religieuses peuvent en apaiser certains, mais aussi les pousser aux certitudes dogmatiques et au fanatisme .
15 – Pourquoi ça recommence ? Nous les humains nous nous battons entre nos pulsions violentes et agressives (qui nous ont permis de conquérir le terre) et un humanisme apaisé et généreux de partage et d’entraide. Nous tirons assez peu d’enseignements de notre passé guerrier et avons du mal à nous accorder durablement. Pour preuve, l’armement qui a encore la vie belle de nos jours.
La solution au conflit Israélo Palestinien je ne la connais pas. La première condition serait le changement de gouvernement en Israël et l’affaiblissement du Hamas et du Hezbollah. Faire maintenant dialoguer les extrémistes de chaque camps semble utopique, sauf cas d’intervention énergique des grandes puissances. Pour le moment personne n’arrive à rien.
Une lueur d’espoir avec le cessez le feu de Mercredi 27.11.2024, obtenu semble t’il avec l’aide de la pression des U.S.A. et de la mise sous mandat d’arrêt international de Nétanyahou
Le pouvoir du verbe et des écrits : la plupart des dictateurs sont de beaux parleurs. Les traités signés ne sont souvent pas respectés. Les motions de l’O.N.U. (il y en a eu des centaines dans ce conflit) restent lettres mortes. Le dialogue, oui, mais entre personnes de bonne volonté, crédibles et honnêtes. C’est cela qui manque le plus ici.