Pierre Déjean et Laurent Vivès
Notre ami Jean qui est à l’origine de la création de nos blogs ayant trait à la recherche de la Vérité, est décédé des suites d’une affection maligne agressive. Nous avons pu l’accompagner jusqu’au bout, avec sa famille et tous ses proches. Il est parti calmement, entouré par son fils Clément, sa sœur Raymonde et son ex épouse Mireille.
Philosophe et écrivain, poète, peintre, musicien, il fut aussi un grand sportif et un ami très apprécié.

Le décrire prendrait de nombreuses pages et resterait malgré tout réducteur, tant sa personnalité était attachante, forte, multi-facette, brillante, surprenante, généreuse et sensible.
Il aimait échanger, discuter, jouer de son saxophone et écouter ses musiques préférées, en particulier le Jazz.
Il a aussi peint de nombreuses aquarelles que nous avons pu photographier avec son accord

C’était un « itinérant » de la pensée philosophique. Partant de Platon et d’Aristote en passant par Giordano Bruno, Spinoza et Kant, il débouchait sans peur sur les grands espaces que Gaston Bachelar, Nils Borh et plus près de nous Michel Bitbol, dessinaient, à la frontière de la métaphysique et des sciences.
Sur ce chemin, il progressait à sa manière, atypique, provocatrice, se moquant des dogmatismes et des cloisons de la pensée. Il tentait toujours d’audacieuses synthèses qui nous choquaient parfois par le fait qu’elles étaient essentiellement basées sur l’intuition et non sur le raisonnement déductif.
Il y a eu plusieurs « temps » :
1 – le Temps des combats et de la critique des Institutions… Sa passion c’était le « questionnement » auquel il soumettait tant ses propres réflexions que les nôtres. Questionnement qui nous énervait mais nous faisait progresser… toujours. En ce domaine, ses maîtres étaient essentiellement Nietzsche et Giordano Bruno…
2 – le Temps de la recherche de l’Être… dans la quête farouche de l’abolition de frontières entre la philosophie et les sciences. Il nous disait que l’on allait assister à la révolution de la notion d’objet et que tout était recherche du « Télos »… « Les choses sont ce qu’elle font » : cet aphorisme aurait bien pu convenir au travail qu’il envisageait sur ces questions, avec ce côté un peu démiurge qui nous effrayait parfois. Il n’en eu pas le temps, harassé qu’il était par la maladie.
3 – le Temps de la recherche et de l’apaisement… à travers une quête dans le domaine de la poésie, sa parole fut flamboyante, malgré sa fatigue, lors d’un séminaire récent sur la modernité des troubadours… La tentation de l’Orient et de la philosophie du Tao, en toute fin, avant de plonger dans le « Deus sive natura » de Spinoza, infini qu’au fond il avait toujours recherché.
Il laisse un grand vide.
Son franc parler, sa chaleur humaine, son humour, sa grande culture, ses convictions et son bon coup de fourchette animaient nos rencontres joviales, et riches de réflexion et d’échanges.


Il a voulu rester dans sa grande maison familiale à Cassagnabères ou nous allions le voir souvent.
Après la peine et le chagrin, voici venu le temps du souvenir et de la quête du personnage et de son œuvre, que nous essayerons de nourrir dans un chapitre du blog que nous lui consacrerons.
Adieu Jean notre ami. Nous ne t’oublierons pas.

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Texte de Laurent Vivès, écrit quelques jours après le décès de Jean
Cher Jean, te voilà reposant dans ta tombe à Cassagnabère, déposé après une belle cérémonie sous un ciel délicatement ennuagé. Tu as été bien accompagné par ta famille et tes amis, Néné, René et Jean, les musiciens qui ont joué pour toi et… Jean Sébastien Bach. Toi qui tant de fois à fait vibrer, en public, ton saxophone et ta voix de penseur chaleureux et d’artiste sensible, sois fier de l’hommage que tu as reçu. Depuis notre enfance tu m’as fait naviguer sur les vagues de ton érudition, de ta philosophie, de ton goût artistique et de ton humanité. Tu fut quelqu’un de rare, sincère et attachant avec qui j’ai vécu une amitié profonde et fraternelle jusqu’à tes derniers instants. Tu me manques déjà cruellement. Je te garderai dans mon cœur jusqu’à ma mort. Au paradis des gens de bien et des artistes, je me ferai tout petit dans un coin en t’écoutant lire les fleurs du mal…